Requins en eau trouble (I)

On trouve de tout sur Eliopolis. Cette ville cosmopolite regroupe des espèces venues de toute part dans la Galaxie et vivant dans une relative cohabitation. Il y a quelques années, ont afflué en masse des requins, bannis ou fuyant leur écosystème pour en avoir bouffé et les autochtones et leurs congénères un poil faiblards.

Bref, plus ou moins repentis, ils ont tenté de se racheter une conscience ou une existence sur Eliopolis et ça a marché un temps. Certains ont même réussi à établir des rapports de forces sans faire visiter l'intérieur de leur estomac aux récalcitrants. Les requins apprirent à convaincre, en luttant contre leur propre nature et à dépasser tant de frustration, ils excellèrent bientôt en  tant que chefs d'entreprise, négociants, businessmen ou commerçants.

Mon patron est un requin. Oh, loin de faire partie des meilleurs, je dirais un de ceux qui a fuit la rébellion sur sa planète, craignant de se faire béqueter par une horde d'humains qu'il ne pouvait plus tenir en respect. Un requin à la petite semaine, en somme. Il m'a embauché au moment où j'avais le genou à terre, où mes priorités étaient avant tout de trouver un équilibre sur cette planète sur laquelle je venais de débarquer. Je me suis donc bradé en toute conscience, j'ai accepté un poste qui ne me plaisait pas pour un salaire minable tout simplement pour avoir la paix.

Quelques mois plus tard alors que je m'ennuyais royalement à mon poste de pseudo assistante-répondeur-téléphonique, il m'a proposé de me former moi-même au métier de visibulateur. Sautant sur l'occasion de huiler les rouages de mon cerveau, je suis partie comme une seule femme à la conquête d'une nouvelle carrière. De fil en aiguille, je me suis fait un réseau de personnes pouvant me filer un coup de main, de maîtres à penser, de gens sympas avec qui parler boulot sur d'autres planètes.  J'ai pu rapidement exercer ce métier car il s'avérait que mon requin de patron avait empilé des dossiers de visibulité sur son bureau en tant que prestations vendues à ses clients sans pouvoir s'en occuper, lui-même n'ayant aucune notion en visibulité.

Je lui ai donc rattrapé le coup, m'investissant à fond dans ce travail tout en étant persuadée que si je le faisais bien, mon patron me montrerait sa gratitude en changeant les modalités de mon contrat et en me versant quelque revenu substantiel supplémentaire.

La suite prochainement

Comments

[Pupuce]

Barf, il y a des fois où je me dis que je suis payée à rien faire....

[piotr]

Mais non mademoiselle, il est parfaitement normal de faire son travail. Est-ce que je ne fais pas mon travail, moi? Eh bioen, je ne me sers augmentation depuis, quoi? Deux ans? Alors...