Bastet
Petite chatte, patte de velours, sur mon cou, me broubroute.
Minauderie et petit bout de queue relevée, les yeux ourlés de khôl, elle glisse
et reglisse sa tête en triangle entre mes doigts, mâchouille un bout de
chemise, puis pelote le canapé à à grands coups de griffes...
Attention, un ennemi! L'ombre d'un gigantesque mouton en laine se dessine au
coin d'une porte, et l'assaut est donné. Après trois coups de papatte dans la
tête, histoire de s'assurer que l'attaquant se soumet, elle l'attrape par la
nuque et le traîne en arrière telle une lionne chasseresse. Triomphe de la
déesse sur un assaillant en peluche. L'inerte nounours n'offrant que peu de
résistance, elle se rabat sur le bac à plante et entreprend de déterrer un
trésor inexistant. Labour et transformation du salon en champ à défricher.
Halte! Je soulève le poids plume qui gonfle ses poils histoire de me faire
croire à moi qu'elle est bien plus dangereuse que ça. Pichenette sur la truffe
pour lui faire comprendre que faut pas jouer dans les plantes sinon je vais
réellement l'envoyer dans la jungle. Eternuement de dédain en réponse.
Je la repose sur son coussin et elle me regarde, médusée, annihiler son oeuvre
à coup rageur d'aspirateur. La cohabitation avec une déesse s'avère plus difficile que prévue. J'espère que le Petit Prince saura temporiser...